Rapport de la Ciase : culpabilité et responsabilité.
Depuis une semaine et la remise du rapport de la CIASE, ce qui m’a le plus choquée je crois, c’est de voir à quel point la presse, certains représentants de l’Eglise catholique sont étonnés du contenu de ce rapport, de son ampleur, des demandes de changements structurels dans l’Eglise. Mais vous étiez où ces dernières années ? Vous étiez aveugles ?
Alors que depuis les années 2000 les crimes de pédophilie dans l’Eglise, aux Etast-Unis, en Irlande, au Canada, en Australie, en Allemagne, au Chili, ont été dévoilés, montrant non seulement l’ampleur, mais les aspects systémiques et structurels notamment dans les autres pays, vous pensiez vraiment que la France, « Fille Aînée de l’Eglise », était préservée ? Quand en France, des associations de victimes œuvrent depuis des années pour obtenir justice, vous pensez vraiment que c’est pour faire tomber un prêtre ou un évêque, et faire du mal à l’Eglise ? Quand en 2020, des personnes comme Anne Soupa et d’autres femmes se présentent à des postes de responsabilité dans l’Eglise, vous pensez vraiment que c’est un « caprice de femmes » qui veulent se faire mousser ? Vous n’entendez pas que depuis des décennies, le Peuple de Dieu réclame des réformes structurelles ? Vous ne comprenez pas que ce ne sont pas des lubies, mais au contraire des demandes formulées au regard d’une théologie ecclésiale renouvelée ? (ah oui, parce que nous sommes désolés, mais nous, pauvres laïcs, tentons aussi parfois de faire des études de théologie et pouvons être autant voir plus qualifiés en ce domaine que nos propres prélats).
Mais non, depuis des années, ce n’est que silence dédaigneux porté par un cléricalisme mortifère.
Il est évident que (et je l’espère sincèrement) que la plupart des évêques de la CEF ne sont pas personnellement coupables ni des agressions, ni des silences. Mais il n’en demeure pas moins qu’ils en restent responsables car ils sont partie prenante d’un système patriarcal, pyramidal qui n’a pas évolué ces dernières années. Alors oui ils sont responsables. Responsables d’entretenir ce système de pouvoir. Ils ont cette responsabilité-là. Ils ont le pouvoir de participer aux réformes du droit canon, aux réformes structurelles. Responsables car ils maintiennent une politique de l’autruche devenant aveugles au monde qui les entoure.
Et que l’on ne vienne pas me dire que l’Eglise est responsable en incluant délibérément les fidèles dans le concept d’Eglise dans cette rhétorique. C’est indécent car ce sont les mêmes évêques qui, pendant le confinement ont mis l’accent sur le fait qu’être Eglise passait presque obligatoirement par la communion eucharistique dominicale. Rendant presque « hors Eglise » ceux qui pensaient d’abord préserver leur santé et celle des plus faibles. Et là, maintenant, alors que pendant des années, leurs politiques, leurs actions ont poussé les gens hors de l’Eglise, ils l’appellent à leur aide pour se cacher derrière et nier leurs responsabilités !
Oui je suis Eglise, car oui je suis chrétienne. Mais c’est justement parce que je suis Eglise que de mon côté (et de manière très minoritaire !) j’appelle depuis des années à des changements. Mais in fine, parce que je ne suis qu’une femme, laïque, par définition je n’ai pas le pouvoir de changer les choses. Au mieux je pourrais être consultée dans un hypothétique synode. Mon sexe et mon statut de laïc ne m’autorisent (sauf rares exceptions) à me retrouver autour d’une table où des décisions ecclésiales sont prises.
Je suis Eglise quand il s’agit d’aider les victimes. Je suis Eglise et je serai prête et disponible quand il s’agira de faire des réformes institutionnelles de fond. Je suis et serai Eglise si je peux aider en quoique ce soit pour que cela n’arrive pas. Mais je ne serai pas Eglise pour que des Evêques, des Papes, des prêtres, des religieux puissent cacher leurs actions criminelles derrière moi et s’en sortir avec une pseudo contrition.
Ce scandale de plus ne va pas changer ma foi. Je suis croyante et chrétienne. J’estime que ma foi se vit tous les jours, dans ma manière d’être, de vivre. Même si cela inclus de m’éloigner de la pratique religieuse.
Les chrétiens ne sont pas des moutons. Par déviance d’une théologie promouvant un cléricalisme exacerbé et une figure presbytérale presque christique, nous en sommes venus à faire une confiance aveugle à nos prêtres, nos évêques, nos papes. Aveugles oui. Or jamais Jésus ne nous a demandé d’être aveugles. De suivre bêtement. Jamais Dieu ne nous a demandé de laisser l’intelligence de notre foi au placard.
Alors il est temps de changer. Parce que nous sommes tous enfants de Dieu.
“Jamais Dieu ne nous a demandé de laisser l’intelligence de notre foi au placard”.
Ainsi un article approuvé – et avec quelle force d’adhésion – de son premier à son dernier mot, se conclut-il sur l’interpellation sans doute la plus déterminante pour l’ouverture d’un nouveau chemin, avec de nouveaux bagages et de nouveaux regards.
Tout ce qui représente déjà beaucoup plus que l’approche d’une nouvelle idée de l’intelligence du croire.
Merci Levy de votre confiance. Et de votre foi aussi: je n’en doute pas, c’est cette intelligence commune qui fera avancer. A très bientôt
DRUIDE: Les Institutions en général dont l’Église se doivent d’être selon les traditions “prêtre, prophète e” roi”
1 – être prêtre est être au service jusqu’à en mourir comme les martyrs, les soldats de la Défense, les policiers, les médecins, et j’en passe;
2 – être prophète? consiste à prendre ses responsabilités à coeur et donc prévoir, se préparer à, préparer à différents ministères y procèdent dont le ministère de la recherche, de l’économie etc….
3 – être roi est prendre en compte ce qui est pour le conduire dans le présent vers le futur que ce soit en couple, famille, entreprise, association, nation ou institution.
Aujourd’hui? d’aucuns cherchent à “posséder” sans chercher à “être” tout comme le permettre.
Ētre dans l’esprit de la Liberté, de la Fraternité de l’Égalité est de demeurer dans cette “fange” de celles et ceux qui osent être critiques, pratiquent la Réfl’action (réfléchir et agir en même temps) en donnant un sens et du sens .
A force de vouloir “emprisonner” dans une “position” ou un emploi, de plus en plus d’individus oublient leur conscience et ne permettent à plus personne d’exercer “sa présence” peu importe âge, la santé et le milieu social…
A chacun d’être conséquent dans sa mission peu importe l’Institution, “le hic et nunc” est un excellent poil à gratter à tous niveaux pour ne devenir possédé par rien hormis le service.
Merci Jean de ce magnifique complément sur “prêtre, prophète et roi”: notre baptême fait de nous des réfl’acteurs comme vus dites. J’adore votre concept de refl’action. Tellement puissant.
“la Réflaction (réfléchir et agir en même temps) en donnant un sens et du sens . (…) A force de vouloir “emprisonner” dans une “position” ou un emploi, [ils] oublient leur conscience et ne permettent à plus personne d’exercer “sa présence”.
Magnifique réflexion qui trace pour moi le cheminement spirituel et humain auquel notre temps doit être en mesure d’accéder. Pour se libérer des emprisonnements dont les méfaits se déchaînent autour de nous, et qui trouvent les causes de leurs claustrations mortifères dans le dogme, la doctrine immobile et la soumission imposée au littéralisme.
Merci Estelle pour cette réflexion à laquelle j’adhère complètement. En Vendée ce fut terrible (je t’envoie un article par mail). Je me dis que ce rapport porté par un homme qui m’a paru très extraordinaire dans son travail et à sa conférence de presse va peut être obliger l’Eglise à se réformer et les familles a ne plus considérer le prêtre comme “intouchable”!!!! Il y a du travail……………