Religieuses abusées: le grand silence
Je partage avec vous aujourd’hui ce livre particulièrement intéressant et absolument nécessaire dans la mesure où il contribue encore et toujours à mettre en lumière les comportements déviants de l’Eglise.
Le travail de la journaliste Constance Vilanova est vraiment à saluer. Son enquête rigoureuse menée sur plus d’un an et sur plusieurs continents (Inde, Amérique du Sud, Afrique, Europe) éclaire sur les violences sexuelles envers les religieuses. Elle démontre à quel point le magistère à tous les niveaux, et Vatican ont enterré les rapports rédigés depuis des années à ce sujet. Mais aussi à quel point la vague #metoo a aussi permis une libération de la parole chez les religieuses. Dès les années 90, des documents confidentiels étaient transmis au Vatican, mettant déjà en lumière certains abus de prêtres envers des religieuses voire des communautés entières.
L’enquête de l’auteure est très bien documentée et ne verse jamais dans le pathos. Elle apporte les faits, mais en mettant néanmoins en lumière toute la souffrance subie par ces religieuses, parfois ostracisées dans leurs propres communautés, mais rarement considérées comme victimes.
Malgré tout, si l’on a la chance d’avoir des témoignages de religieuses indiennes ou françaises, l’on comprend à quel point une chappe de plomb terrible pèsent encore sur ces victimes : en Afrique les religieuses ont extrêmement peur de témoigner et la journaliste montre à quel point elle a essuyé des refus et des dénis sur ce continent, alors même que le premiers rapports transmis au Vatican concernaient les religieuses de certains pays africains et qu’un Père blanc lui dit « Si un jour, on devait révéler ce qu’il se passe ici en Afrique, ce serait une bombe bien plus importante que le scandale de la pédocriminalité ».