Si tu voyais mon coeur #BLM
Pour l’instant je n’ai rien dit. Ou si peu. Ou trop peu.
En fait, j’ai peur.
J’ai peur que tu me juges mal. J’ai peur que tu penses que je n’en fais pas assez, et c’est probablement vrai. Ou que j’en fait trop, que ce n’est pas mon combat. Et c’est vrai aussi.
J’ai peur que tu penses que je ne suis pas sincère.
J’ai peur de te poser mes questions parce que j’aimerai parfois comprendre ou discuter, mais j’ai peur que mes questions soient racistes. J’ai peur d’être mal comprise.
J’ai peur de discuter parce que j’entends des discours différents autour de moi. Entre les personnes qui veulent que l’on voit la différence, que l’on ne la nie pas. Et d’autres qui ne veulent pas que l’on voit la différence. Je comprends bien qu’il ne peut y avoir qu’un seul discours (chez les féministes, c’est pareil, nous avons plusieurs discours, plusieurs tendances…), mais j’ai peur d’être jugée pour ce que je penserai.
J’ai peur d’être mal comprise. Ce qui est déjà arrivé plusieurs fois. Alors je me tais.
Je me tais ou je manifeste mon soutien de manière très consensuelle. C’est tellement facile de mettre un carré noir sur les réseaux sociaux ou un hashtag #blacklivesmatter
Pourtant….
Si tu voyais mon cœur, tu verrais qu’il ne découvre pas le problème et que cela fait des années qu’il est sensibilisé.
Si tu voyais mon cœur, tu verrais de la sincérité.
Si tu voyais mon cœur, tu verrais qu’il saigne de ce qu’il voit, de ce qu’il entend depuis des années.
Si tu voyais mon cœur tu y verrais de la compassion, un grand désir de compréhension, toujours plus.
Si tu voyais mon cœur, tu verrais de la passion pour combattre cette injustice.
Alors ne m’en veux pas si je me tais. Je me sens trop démunie.
Très beau. Très poignant. Ceci parle au coeur, et renvoie à des expériences personnelles dont on comprend mieux qu’elles sont communes et, mieux encore, partagées. Merci ! Didier Lévy