Tout ce qui brille n’est pas or


 

Chers lectrices et lecteurs, voici publié sur mon blog, un commentaire d’Evangile rédigé pour l’hebdomadaire Témoignage Chrétien. Témoignage Chrétien est une publication pour qui j’ai beaucoup d’admiration et de respect. Né de résistants chrétiens c’est à ce jour le seul titre issu de la Résistance encore publié. C’est un journal engagé et et c’est peut-être parce qu’il l’est, dans nos sociétés un peu trop lisses et bien-pensantes, qu’il dérange parfois. Bref, je suis fière et humble à la fois de pouvoir leur proposer ma bafouille de temps en temps.

Évangile de Matthieu 23, 1-12

En ce temps-là Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »

 

Comme le texte de Matthieu résonne encore douloureusement à nos oreilles aujourd’hui ! Quand je lis ici ou là des supers conseils : « comment bien se tenir à la messe », ou « les dix erreurs à ne pas commettre pendant Carême » ce texte et d’autres dans la même veine, me reviennent en tête et je fulmine. Je bous. 2000 ans d’enseignement et nous en sommes toujours là, à vénérer peut être un peu trop ceux qui portent les plus jolies franges et montrent bien leurs phylactères, et a vouloir nous aussi titres, franges et phylactères.  Mais revenons un instant au texte.

Matthieu nous rapporte cette confrontation entre Jésus et les pharisiens, mais il devait exister le même genre de confrontation dans sa propre communauté entre les Juifs de la synagogue et le petit groupe de Matthieu disciples du Christ ressuscite. Mathieu aborde donc dans ce texte deux problèmes que Jésus a rencontré, les mêmes problèmes qui traversent sa communauté et les mêmes soucis que nous rencontrons aujourd’hui : le formalisme et la vanité, le tout enrobé d’hypocrisie.

Tout d’abord Jésus ne nie pas le fait que les pharisiens prêchent  le bon enseignement. Ces personnes savaient de quoi elles parlaient ! Les pharisiens formaient une communauté de laïcs qui avaient autorité à interpréter et prêcher la Torah ! Ce n’est donc pas le fait que les Pharisiens enseignent les Écritures, qui pose problème mais leur interprétation et le fait de ne pas mettre en actes eux-mêmes ce qu’ils prêchent, en plus de faire porter aux gens le fardeau de la culpabilité pour ne pas respecter ce formalisme.

Un formalisme religieux exacerbé

Ce ne sont donc pas les Écritures qui sont niées, mais le fait que les hommes, dans leur interprétation ont formalisé des lois, des statuts qui conditionnent des jugements moraux sur les actes des uns et des autres. Ce formalisme était poussé à l’extrême chez les Pharisiens et était devenu l’essence même de leur enseignement, marginalisant ainsi les personnes qui ne pouvaient vivre à la hauteur de ces standards.

Le problème du formalisme c’est qu’il annihile la créativité, cette faculté à se poser des questions et à imaginer des solutions, à inventer tout le temps.  La Tradition ne serait pas ce qu’elle est, s’il n’y avait eu des générations et des générations qui pendant 2000 ans se sont dit « Nous avons un super message à faire passer, comment le dire, comment le faire ? » Si cela avait été aussi simple qu’un Missel ou un catéchisme à transmettre tel quel, nous le saurions ! La Tradition est vivante parce que justement elle n’est pas bloquée dans un formalisme encombrant.

Vanité et prestige

Ensuite, la vanité et le désir de prestige des pharisiens viennent en ligne de mire de Jésus. Honnêtement, entre vous et moi, qui n’aime pas monter en grade et avoir un titre sympa qui montre bien que nous sommes en responsabilité ? Au travail, dans nos paroisses ou communautés…Moi la première, je plaide coupable !  Et cela va dans les deux sens : nous donnons des titres à des leaders de communauté et nous nous soumettons à leur charisme ! Et dans un même temps, avouons-le, il est finalement agréable d’accepter ces titres pour le prestige qu’ils apportent et pour la reconnaissance de la part de la communauté.

Mais c’est là aussi que Jésus nous appelle à une certaine humilité. Il rétablit l’usage de ces noms (Maitre, Père, Leader, …) et  l’esprit de supériorité et de fierté que l’on peut avoir quand nous les acceptons.  Il rappelle que nous nous égarons quand nous nommons et considérons comme « Père » toute personne autre que Dieu. Nous finissons par idolâtrer des titres et leurs porteurs plus que Dieu lui-même.  La clef est donc bien l’humilité et le service.

Ne nous méprenons pas!

Pour conclure et résumer, je crois que nous tombons dans l’erreur si nous croyons que  l’on peut imposer une manière de vivre et d’exprimer la foi, sa foi. Je crois que nous tombons dans l’erreur si nous croyons que Dieu s’accommode mieux d’une attitude plutôt qu’une autre. Et je crois que nous tombons dans l’erreur si nous prenons tout baptisé pour un inconscient qui ne sait pas ce qu’il fait et à qui l’on doit dire que faire.

Par contre je crois que nous grandissons quand nous nous faisons petit devant Dieu et que nous pouvons dire  ” Ne me laisse pas juger de la manière dont Tu parles aux gens “. « Ne me laisse pas imposer une religion, mais rends moi témoin de ma foi » « Donne-moi la force de prêcher ta Parole pour que chacun grandisse grâce à toi ». Parce que  la seule fierté de baptisé que nous devrions avoir est celle d’être un Homme grand, debout et libre.

Tellou

Le blog culinaire et spirituel d'une expat au Moyen Orient.

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4 commentaires

  • Otir
    12 novembre 2017 at 02:11

    Travail essentiel que celui de cultiver la bonne mesure d’humilité ! Merci pour ce billet et le rappel qui est bien nécessaire de nos jours.

  • Françoise Aurard
    24 mars 2019 at 09:12

    Merci pour votre belle méditation écoutée sur Retraite dans la ville. Bon carême à vous .

  • Françoise Aurard
    24 mars 2019 at 09:16

    Merci pour votre meditation écoutée sur Retraite dans la Ville. Bon carême à vous .

    • Tellou
      Tellou
      24 mars 2019 at 17:10

      Merci à vous de l’avoir écoutée. Très bon voyage vers Pâques et à très bientôt!

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