L’Annonciation (à Marie)
J’aime beaucoup ce tableau de Fra Angelico. J’avais été stupéfaite de le voir “en vrai” au couvent Saint Marc à Florence où il est placé en haut des escaliers qui mènent aux cellules des frères. Il est saisissant de beauté, de finesse. J’aime ce tableau où l’on ne sait pas trop qui s’incline devant qui: l’Ange devant Marie, Marie devant l’Ange et cette parole qu’il lui amène. Si vous voulez lire l’histoire de l’Annonciation, n’hésitez pas à ouvrir votre Bible, Saint Luc, Chapitre 1 (oui, le gros livre poussiéreux, là, dans le dernier quart vers la fin, au début de Saint Luc). Pour résumer, l’Ange Gabriel annonce à Marie que Dieu la choisie pour donner naissance à Jésus…
Marie est une jeune fille juive qui non seulement a été élevée dans l’attente d’un sauveur, mais aussi dans un sentiment de disponibilité totale à Dieu. Ceci dit, Marie n’est pas complètement allumée non plus et reste terre à terre, puisqu’elle demande à l’Ange que oui, ok, très bien qu’elle ait été choisie, mais bon, elle est quand même fiancée!!! Est ce que son fiancé acceptera ce choix divin d’une part, et concrètement, comment faire un enfant avec/à Dieu? Au-delà de ces questions pratiques, comment être 100% disponible à Dieu et rester mariée? On envisage même pas la possibilité d’être mère-célibataire à l’époque…. Comment mener de front sa vie de femme mariée avec un enfant à élever et se consacrer à Dieu?
C’est l’ange qui va lui donner les clés: faire confiance à Dieu et à l’Esprit Saint. Comme partout dans la Bible quand Dieu intervient, il y a un “souffle”, un nuage, une “ombre” dans le cas de Marie. Dieu agit. Il est présent. Il va être aux côtés de Marie, de Joseph. Est-ce que Marie et Joseph réalisent vraiment dans quoi ils s’engagent? Peut-être pas. Mais ils font confiance. “Voici la servante du Seigneur. Qu’il soit fait selon ta parole”. Ce n’est pas une soumission au sens de maître et esclave comme on pourrait l’entendre parfois, ou inscrire sa relation à Dieu dans ce genre de schéma: il est le maître et j’obéis. Non, je pense plutôt que c’est vraiment de l’ordre du service: tu as besoin de moi, je suis là, décide et j’irai avec toi. On en revient à la Genèse où Dieu demande à l’Homme de co-créer avec lui.
J’aimerai bien avoir cette même confiance qu’eux. Pouvoir lâcher parfois prise sur la vie quotidienne et vouloir tout contrôler,… et faire confiance… Pas facile d’essayer de glisser Dieu dans tout ça quand on est pas 100% disponible. On a souvent l’impression qu’il faut saucissonner sa vie: couple, boulot, famille, activités…et Dieu. Et si Marie, en ce temps de l’Avent nous apprenait à dire: je ne saucissonne pas ma vie parce que Dieu est partie prenante de cette vie-là….mais je fais confiance. Attention, j’ai jamais écrit que j’attendais que tout me tombe tout cru dans le bec! Non, je participe, à mon tout petit niveau à cette co-création….mais en confiance en Dieu