Pédophilie et burnout: deux livres sur les curés. (Mais pas que…)



Récemment j’ai lu deux ouvrages très différents, mais qui donnent tous deux néanmoins à réfléchir sur la fonction presbytérale, le rôle des laïcs et la culture de la parole dans l’Église. Je crois que l’on ne peut pas regarder un problème sans décemment en avoir une vision plus large. L’on ne put condamner tel ou tel acte sans tenter de résoudre ce qui peut en être la source. Bref, ces deux livres, vraiment très différents dans leur style, dans leur contenu, interpellent et appellent à se regarder dans le miroir pour se demander in fine : quelles genres de communautés chrétiennes voulons-nous ?

 Histoire d'un silence

Histoire d’un silence Isabelle de Gaulmyn

Ce livre m’intriguait d’une part parce que je connaissais plus l’auteur via son blog quand elle était à Rome ou via ses articles dans La Croix. Pourquoi donc s’engager dans l’écriture d’un livre sur un point noir de l’actualité de l’Église en France ? Opportunisme journalistique ? IDG est lyonnaise d’origine et a fait partie du groupe de scouts dont les garçons ont du subir les agressions sexuelles du Père Preynat. Elle aussi savait. Certains paroissiens savaient. Certains collègues du prêtre savaient et le diocèse était aussi au courant. IDG elle-même avait soulevé les faits auprès de l’évêque. Rien. Le silence. Là ou ce texte est formidable c’est qu’il ne sombre jamais dans le voyeurisme mais enquête méthodiquement pour répondre à la question : pourquoi, pourquoi, pourquoi rien n’a été dit avant ? Pourquoi les enfants n’ont rien dit? Pourquoi le père a continue à exercer ses fonctions, et qui plus est auprès des enfants ? Pourquoi ce silence ? Je ne détaillerai pas ici l’enquête et les réponses, mais l’on se rend compte qu’elles n’incombent pas à une seule personne ou à une seule entité.

 

Et c’est là que le texte devient vraiment intéressant, parce qu’il pose les questions que l’Église devrait se poser de manière urgente. Dans cette institution pyramidale qu’est l’Église quelle est la part de responsabilité des uns et des autres, tant sur des sujets dramatiques comme la pédophilie que sur la possibilité même d’une prise de parole ? Le livre d’IDG est édifiant en ce quelle ne jette pas forcement l’opprobre sur les prêtres et la Curie mais interroge toute la communauté : les prêtres, les évêques, le pape, les laïcs. C’est un livre qui interroge le pourquoi du silence et arrive à la conclusion aussi qu’il y a une culture du silence parce que le système ecclésial, le cléricalisme a supprime la parole des baptises. On a peur de dénoncer l’institution de peur de condamner l’Église ! On a peur de montrer un désaccord de peur de briser cette unité. (ahhhh les conséquences psychologiques de la Reforme qui sont imprègnes dans nos esprits !) On confond Eglise/ Peuple de Dieu et l’institution pyramidale ecclésiale, et ce n’est pas parce que l’on critique, que l’on libère la parole que l’on fait forcement du mal à l’Église. Au contraire. Bref, une lecture à recommander fortement.

 Monsieur le curé fait sa crise

Monsieur le curé fait sa crise

La nous sommes dans un registre totalement différent du premier ouvrage présenté. Étant donné les commentaires dithyrambiques dans la presse sur cet ouvrage écrit par le rédacteur chef de La Vie, c’est avec impatience que je m’y suis plongée. De facto la plongée est facile : le style est facile, humoristique et l’ouvrage se lit du coup très facilement. Un bon moment. C’est donc l’histoire d’un « jeune » curé, dans la quarantaine, dans une paroisse qui pourrait être n’importe quelle paroisse de France avec toute la gamme de cathos : les gauchos, les réacs, les dadames du caté, la passionaria Vatican II, les « dames du fleurissement de l’église », l’équipe d’animation paroissiale etc…Bref, tout le monde est au rendez-vous, y compris bien sur ceux qui ne mettent plus le pied à ladite église. Et là, devant les problèmes qui s’accumulent, le cure pète un câble et disparait. Récit de ce qui a mené au pétage de câble et à sa disparition, puis récit de la « sortie de crise ».

Très honnêtement, je n’ai pas compris pourquoi il y a eu un tel engouement autour de ce livre. Les paroissiens sont caricaturaux (mais c’est forcement voulu) et les états d’âme du prêtre m’ont semblés parfois un peu dérisoires et convenus. Bref, j’avais envie de dire « rien de nouveau sous le soleil » même si la sortie de crise proposée par le prêtre est originale et spirituelle.

 

Pourtant l’attrait d’un tel livre réside probablement dans son approche du ministère sacerdotal. Finalement, pour une fois, ce n’est pas un livre de sociologie ou un ouvrage de théologie qui nous parle soit de la prêtrise, de la réduction du nombre des prêtres, de la réorganisation des paroisses, de la solitude des prêtres et parfois de leur mal-être. A cet égard, le livre effectivement nous ouvre une fenêtre sur cette vie-la, ses enjeux, ses difficultés et nous fait regarder le ministère presbytéral sous un autre angle.

 

 

 

 

 

 

 

Tellou

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