Pour lapidation ch. j.f adultère…



Aujourd’hui dimanche, l’Evangile de Jean nous parle de cette
femme adultère qui est amenée par les pharisiens devant Jésus, avant d’être
lapidée, histoire de voir ce que lui, le « monsieur je-sais-tout, je suis
le plus fort » va dire de cette pauvre fille. On va bien finir par le
coincer ce petit con !  Le
passage est super connu, avec cette réplique d’anthologie “ Que celui qui d’entre
vous est sans péché lui jette la première pierre”. Rappelons que les pharisiens
sont des juifs super pieux, qui suivent la Loi à la lettre et qui ne supportent
pas que l’on remette en cause ladite Loi.

Avant d’entrer plus en avant dans le texte, la première
réflexion qui me vient est : pourquoi c’est toujours la femme qui trinque?
Pourquoi c’est toujours elle que l’on va tirer par les cheveux et traiter de sale p… et de sal… ? Il faut être deux non pour pécher ? Pourquoi, à priori,
c’est elle  qui aurait séduit, le pauvre
homme sans défense blablabla ? Elle est adultère, certes, mais la personne
avec qui elle commet cet adultère ? Dans cette histoire, ils sont où le
mari et l’amant ? A se remplir les poches de pierres ? (Soit dit en
passant, le machisme de cette histoire est un premier niveau de lecture. Un
deuxième niveau nous emmènerait vers une comparaison entre les juifs infidèles
à Dieu, qui vénèrent des idoles et sont donc « adultères ». Pour entrevoir
cette possibilité-là, on peut relire le prophète Osée, entre autres)

 

Mais revenons à notre scène qui pourrait être assez géniale
pour faire d’une pierre, deux coups, pardonnez moi l’expression. En effet, cela
fait un moment que Jésus dérange, alors cette question de la femme adultère,
c’est l’idéal pour le faire tomber. S’il défend ouvertement la femme, ce ne
peut être un bon juif puisque la loi juive stipule que toute femme adultère
sera lapidée. Il serait donc pris en flagrant délit de non respect de la loi.
S’il donne raison aux pharisiens, tous ceux qui le suivent, les petits, les délaissés,
les pouilleux, que vont-ils penser, que Jésus les trahit lui aussi, alors qu’il
a toujours montré un regard de compassion ?

 

Une chose qui me frappe aujourd’hui dans ce texte c’est le
fait que Jésus dissocie l’acte de la personne. Ok, elle a péché et le péché est
condamnable, mais pas la personne. Est-ce que parce que l’on fait une erreur,
l’on est foutu à vie, l’on est impardonnable à vie ? C’est souvent ce que
l’on fait non ? Hop, on met dans le même sac, l’acte et la personne. Ca
m’est arrivé au boulot de voir que quelque chose n’était pas faire correctement
et de jurer comme un putois en disant « mais il est con ou quoi ? Pas
capable de faire ça correctement : c’est un pauvre débile ! »
C’est complètement enfermant pour une personne. C’est déjà l’emprisonner que de
la laisser dans cet acte. Jésus montre que tout le monde peut chuter, peut
pécher, mais que la vie continue pour un peu que l’on reconnaisse d’une part
que l’on a péché et que l’on ne s’y enferme pas. Ici, il lui dit « ne
recommence pas ce que tu as fait, parce que ce n’est pas top », mais il la
libère de cet enfermement et la rend femme, quand probablement (allons-y franchement) certains vont encore
la traiter de salope pendant des années. Et la parole de Jésus va finalement
au-delà de la femme : puisque personne ne lui jette une pierre, c’est bien
que tous reconnaissent aussi qu’ils ne sont pas très nets non plus. Mais là
aussi, je trouve qu’ils les libèrent car il ouvre la possibilité de se relever
après avoir chuter. Pour tous.

 

Dernier point : la seule chose que j’envie à cette
femme est le regard que Jésus a du poser sur elle. Vous imaginez ? Vous
êtes dans vos petits souliers, prête à vous prendre des pierres dans la tête
parce que vous avez batifolé avec un autre, et là, vous vous retrouvez vivante avec
un type qui ne vous condamne pas et juste par un regard dit qu’il vous aime,
quand même…

Tellou

Le blog culinaire et spirituel d'une expat au Moyen Orient.

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3 commentaires

  • Gabrielle
    21 mars 2010 at 20:41

    La femme trinque toujours sur les questions de vertu puisque son rôle était avant tout de porter les héritiers… Il les fallait donc légitimes ; la “pureté” des femmes était une part fondamentales de l’honneur familial, avec l’expression de la virilité pour ces messieurs…
    Mais ce n’était pas l’important du commentaire. Je voulais surtout dire : merci, Tellou, pour ces explications des textes et ces valeurs, cet esprit que j’aime tellement y lire !

  • ISCA
    21 mars 2010 at 20:41

    Monseigneur Beau vient de dire exactement la même chose à des confirmands de 15 ans : “lorsque des personnes viennent me voir en confession, je leur réponds qu’il faut différencier les actes de la personne et que toute personne est aimée de Dieu”. Excellente analyse pour la femme dite adultère. Un jour, un prêtre a dit justement dans son homélie, “Imaginez la terreur de cette femme en voyant Jésus qui n’a jamais péché, Lui seul aurait pu la lapider”. Donc dans un premier temps la terreur puis ensuite effectivement le regard de Celui qui est tout autre.

  • tellou
    21 mars 2010 at 20:41

    Merci de cet ajout ISCA! Ne sommes-nous pas constamment dans une culture du jugement et de la peur? Ca peut commencer par les parents, puis continuer au travail où à chaque fois les sanctions tombent. Ne sommes-nous pas toujours prêts à monter à l’échafaud?
    Alors quand un homme, Dieu vous libère de cela, n’est-ce pas une formidable preuve d’amour?
    Merci encore!

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