Faire la grenouille de bénitier ne sert à rien. (Commentaire de Mt 20, 1-16 avec Céline Dion)


grenouille de bénitier

 

Les derniers seront les premiers

Dans les pays du Golfe où je vis, une claire distinction est établie entre les travailleurs nationaux et les travailleurs étrangers. Comme moi. Nous n’avons pas les mêmes salaires, ni les mêmes possibilités d’avancement. La préférence nationale est clairement établie. Vu qu’en plus pour une bonne partie de mes collègues par exemple, le salaire est justement garanti du fait de leur nationalité et non de la quantité de travail effectuée, pas besoin de trop se fouler. Les employés expatriés étrangers travaillent donc plus que les nationaux pour un salaire moindre. C’est un fait. Nous sommes les derniers et nous ne serons jamais les premiers.

Du coup, l’injustice décrite dans cette parabole des ouvriers de la dernière heure (voir le texte en entier plus bas), je la vis au quotidien et je peux très bien me représenter la colère et le dégoût de ceux qui ont travaillé depuis le matin à la vigne et ont autant que ceux qui sont arrivés à la fin de la journée de travail.

Ce n’est pas la première fois, ni la dernière, que Jésus nous fait le coup du « Les derniers seront les premiers » (ah, vous aussi vous chantez Jean-Jacques Goldman ? ». Des fois, on attend de Dieu de impartialité, de l’équité, alors qu’il nous donne de l’égalité.

Cette parabole dit beaucoup et l’on pourrait se concentrer sur beaucoup de thèmes à la fois. Aujourd’hui, plus spécifiquement,  ce que je vois dans cette parabole c’est surtout que les ouvriers de la dernière heure gagnent AUTANT que ceux de la première. Pas plus. Autant.

La grâce de Dieu est-elle injuste ?

En général, dans la vie de tous les jours, l’égalité se révèle souvent injuste, parce que nous ne partons pas tous avec les mêmes données de départ, avec les mêmes chances et les mêmes opportunités.

égalité et équité

Mais  ceci est un peu différent lorsque l’on parle de Dieu.

  • l’Amour de Dieu (« grâce divine » en langage catho) est le MÊME pour tous. Quelle que soit la date de leur conversion. Pour ceux qui ont été baptises le premier jour de leur vie et ont cru non-stop, a fond, depuis. Comme pour ceux qui, dans leurs derniers instants, après avoir bouffé du curé toute leur vie, se disent «  Ah…c’est Toi en fait qui m’aimait depuis le début! »
  • L’Amour de DIEU est le MÊME pour tous quelle que soit la « quantité » de pratique, de foi que nous avons témoigné. Non, Dieu ne nous aime pas plus parce qu’on est allé à la messe tous les dimanches.
  • L’amour de Dieu est le MÊME pour tous, quel que soit notre degré de moralité– Mathieu nous le redit au chapitre suivant :  Matthieu 21.31. « les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu ».

 

Je ne suis pas en train de dire que faire la grenouille de bénitier ne sert à rien. Je ne dis pas ici que du coup ce n’est pas la peine de faire des efforts pour entretenir sa foi, pour pratiquer. Mais j’écris juste que tout ce que nous faisons pour nous rapprocher de Dieu ne sert en aucun cas à se faire bien voir de Dieu. Et tant pis si cela nous froisse.

Si l’on va à la messe, si l’on prie, si l’on fait des retraites, si l’on fait attention à son voisin, son prochain, cela nous aide à entrer dans ce que peut être Dieu. A communier avec lui, à se rapprocher de lui.

La to-do list de Jésus et la nôtre

Je crois que Dieu nous invite vraiment à changer notre manière de voir la relation que l’on peut entretenir avec lui. Avec Jésus sur la Croix et la résurrection, Dieu a montre que l’homme n’a plus besoin de se racheter, n’a plus besoin de suivre des lois pour se faire aimer de Dieu. Ça c’est fait. C’était sur la to-do list de Jésus, pour que justement nous n’ayons pas à le faire.

En gros, il y a 2000 ans. Dieu a ouvert les vannes a fond, pour tout le monde. On n’a plus à s’en préoccuper.

Du coup, nous n’avons plus qu’à nous préoccuper d’une chose : rechercher Dieu, apprendre à le connaitre. Pratiquer son amour au sens où cet amour que l’on reçoit, comment est-ce que nous faisons pour le redistribuer autour de nous ?

Et nous ne sommes pas payés pour cela. Et c’est cette recherche de Dieu qui nous fera passer de derniers à premiers dans Son regard.

 

derniers premiers

 

 

Matthieu 20, 1-16

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples cette parabole :
« Le royaume des Cieux est comparable
au maître d’un domaine qui sortit dès le matin
afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne.
Il se mit d’accord avec eux
sur le salaire de la journée : un denier,
c’est-à-dire une pièce d’argent,
et il les envoya à sa vigne.
Sorti vers neuf heures,
il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans rien faire.
Et à ceux-là, il dit :
“Allez à ma vigne, vous aussi,
et je vous donnerai ce qui est juste.”
Ils y allèrent.
Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures,
et fit de même.
Vers cinq heures, il sortit encore,
en trouva d’autres qui étaient là et leur dit :
“Pourquoi êtes-vous restés là,
toute la journée, sans rien faire ?”
Ils lui répondirent :
“Parce que personne ne nous a embauchés.”
Il leur dit :
“Allez à ma vigne, vous aussi.”

Le soir venu,
le maître de la vigne dit à son intendant :
“Appelle les ouvriers et distribue le salaire,
en commençant par les derniers
pour finir par les premiers.”
Ceux qui avaient commencé à cinq heures s’avancèrent
et reçurent chacun une pièce d’un denier.
Quand vint le tour des premiers,
ils pensaient recevoir davantage,
mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’un denier.
En la recevant,
ils récriminaient contre le maître du domaine :
“Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure,
et tu les traites à l’égal de nous,
qui avons enduré le poids du jour et de la chaleur !”
Mais le maître répondit à l’un d’entre eux :
“Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi.
N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ?
Prends ce qui te revient, et va-t’en.
Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi :
n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ?
Ou alors ton regard est-il mauvais
parce que moi, je suis bon ?”
C’est ainsi que les derniers seront premiers,
et les premiers seront derniers. »

 

Tellou

Le blog culinaire et spirituel d'une expat au Moyen Orient.

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4 commentaires

  • Maman BCBG
    29 août 2017 at 09:49

    J’aime beaucoup cette parabole, même si elle est bien obscure… elle fait écho à celle des talents, et du fils prodigue à mon sens.
    Dieu n’est pas “juste”, il est “sur-juste” et cela nous dépasse.

    Chaque fois que cette notion m’énerve (toujours eu du mal avec le fils prodigue par exemple), j’essaye de me dire que, même si j’ai beaucoup reçu, je n’ai aucun moyen de savoir si je ne serai pas l’ouvrier de la dernière heure à la fin de ma vie 😉
    Et que la surabondance d’amour de Dieu n’enlève rien à ceux qui triment depuis le matin pour la gloire de Dieu (ce serait en revanche injuste de retirer au premier pour donner au second… mais pas de problème avec l’amour de Dieu qui est infini :D)
    Bref, une de mes parabole préférée que tu analyses aujourd’hui, qui va à l’encontre de notre instinct humain “primaire”, mais qui est tellement riche de sens 😀

    • Tellou
      Tellou
      30 août 2017 at 10:12

      Merci de ton long commentaire! Tu as touche un point que je n’ai pas développé: la surabondance de l’Amour de Dieu. C’est exactement ca: il y en a tellement que non seulement on va pouvoir partager, mais qu’en plus c’est sans limite!

  • Didier LEVY
    29 août 2017 at 13:30

    “Des fois, on attend de Dieu de impartialité, de l’équité, alors qu’il nous donne de l’égalité”. Magnifique constat, dans sa puissance de pénétration et dans les voies qu’il ouvre à notre réflexion. Et auquel on a envie d’ajouter : à bon entendeur , salut ! Façon d’affirmer que la foi n’est pas là pour réglementer, mais pour subvertir.

    • Tellou
      Tellou
      30 août 2017 at 10:10

      Merci de votre commentaire Didier et de votre réflexion! A très bientôt!

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