Le Cardinal et les jupes: excuses acceptées….
Oeuvre de l’artiste Soasig Chamaillard
Petit
retour sur « L’affaire des jupes et du Cardinal ». Je vous avais
parlé ici de l’action en justice ecclésiale qu’avait porté le « Comité de
la jupe » contre le Cardinal André Vingt Trois qui, en parlant de la
possibilité éventuellement ouverte aux femmes de lire l’Evangile à la messe,
voire de faire l’homélie (soyons fous), avait dans un dérapage d’une misogynie
assez révoltante dit que « le tout
n’est pas d’avoir une jupe, c’est d’avoir quelque chose dans la tête. ».
Ce
comité a retiré sa plainte en début de semaine suite aux excuses du Cardinal
qui a reconnu que ses propos avaient été « maladroits et mal ajustés ». Il a
ajouté : « Ce que je regrette, car c’est précisément l’inverse que je
voulais dire, a-t-il continué. Je voulais justement expliquer que la mission
des baptisés dans l’Église ne dépend pas du sexe mais de la capacité
personnelle. »
Je
trouve que le retrait de la plainte est une bonne chose, surtout dans le milieu
catholique : le pardon est une valeur cardinale. Ni nous ne l’appliquons
pas entre nous, quand l’appliquerons-nous ?
Par
contre j’aimerais que cela serve de leçon à plusieurs titres :
– Malheureusement,
nous en sommes encore réduits à faire une veille permanente contre tout propos
misogyne et à dire « stop » dès qu’un seuil intolérable est franchi. Ce
n’est pas du combat féministe de harpie, c’est du combat pour la dignité des
femmes et des hommes. Je suis la première à déplorer le fait d’avoir à dénoncer
de tels propos. J’aimerai ne pas avoir à le faire. J’aimerai que mes sœurs en
Christ n’aient pas à le faire.
– Malheureusement,
les propos du Cardinal Vingt Trois ont été un lapsus révélateur de l’attitude
de l’Eglise envers les femmes, et l’attitude du Comité de la jupe a été révélatrice
aussi de l’attitude des femmes envers l’Eglise. Notre foi passe par une pratique religieuse où la dimension ecclésiale
est importante. A l’heure où l’Eglise veut montrer qu’elle s’ancre dans des
problématiques sociétales importantes du XXIe siècle, si elle passe à côté de
la moitié de la population, elle n’arrivera jamais à être crédible et à être
moderne, à vivre littéralement en son temps, à porter la Parole. Il en va de sa
mission.
l’Eglise, c’est nous !
Oui, l’Eglise, c’est nous tous !
Je crois qu’il ne faut pas juger mais essayer de comprendre. Personne n’est parfait ! Au siècle de la communication, on ne s’écoute plus !
Si on a un reproche à faire, n’est-ce pas à lui directement qu’il faut s’adresser ? Faire des reproches sur la place publique, est-ce mieux que ce que l’on lui reproche ?
Et la miséricorde ? Nous avons été créé à l’image de Dieu. Dieu est miséricordieux. Ne devons-nous pas essayer de l’être, nous-aussi ?
“Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés ; remettez, et il vous sera remis.
Donnez, et l’on vous donnera ; c’est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante, qu’on versera dans votre sein ; car de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous en retour.” Lc 6,36-38
Je trouve bien que, dans la famille chrétienne, on puisse tout se dire, on puisse se faire des remarques, relever ce qui peut blesser, amener l’autre à faire plus attention à ce qu’il dit ou à la façon dont il s’exprime. Et rester attentif à se corriger soi-même …Avec un maximum d’humour …
Bon Avent à tous