Petites réflexions impertinentes sur le mariage, la famille etc…II: le retour du come-back


 Petites réflexions impertinentes sur le mariage

J’ai donc continué à lire le document de travail de Vatican sur la famille ( « instrumentum laboris”)et je reste très partagée (euphémisme pour dire en fait « passablement désabusée »). D’un côté je me félicite qu’un tel document rassemble les évolutions de la famille ces dernières décennies et je me réjouis que Vatican cherche à en parler. Je me réjouis aussi de savoir que peut-être, pour une fois, la société civile, en tout cas certains laïcs dans l’Eglise ont été mis à contribution et donné leur avis. Il est bien aussi de constater que le document prend acte des changements sociaux (familles recomposées, monoparentales, demande des sacrements dans ces cadres).  Tout cela va dans le bon sens.

Mais les principaux reproches que je lui ferai est d’une part de rejeter la faute sur les autres (Un seul paragraphe (§75) traite des méfaits de l’Eglise : « contre-témoignage de l’Eglise »), et d’autre part de réfléchir en vase clos, comme si l’Eglise était une entité à part, avec des membres à part de leurs sociétés. Quelle dichotomie !

Concernant le premier point, l’on se rend vite compte que pour le document et donc pour les prélats voire les laïcs qui ont fait part de leurs pensées, les malheurs de la famille telle que définie et entretenue par la pastorale familiale, sont dus aux sociétés changeantes, aux Etats. La famille est clairement attaquée de toutes parts : par les Etats, par le concept des libertés individuelles, par les médias, les nouvelles technologies (parce que l’on passe du temps avec sa tablette et plus avec ses enfants) etc…Mais c’est la faute des autres, pas de l’Eglise. On arrive même à un point culminant (de bêtise ?) quand on lit que le concubinage en Europe provient de « l’influence de l’idéologie marxiste ». Là perso, je vois Don Camillo et Peppone….Je comprends bien que dans certaines régions du monde (suivez mon regard du côté outre-atlantique) le « socialisme » est le monstre à abattre, mais la sémantique employée rappelle furieusement les années d’avant la chute du mur de Berlin ! Et bien sûr, l’on retrouve aussi toute la rhétorique autour des sociétés qui favorisent une « culture de mort » une « indifférence face à la vie ». Bref, c’est la faute des autres et notre concept catho du schéma familial père/mère/enfant est soumis aux attaques récurrentes.

Par ailleurs, et cela découle finalement du premier point, l’on se rend compte aussi que les analyses de la situation ou les propositions faites pour faire évoluer la situation, tournent en en vase clos : les propositions sont faites pour des gens qui sont dans l’Eglise ou en tout cas qui y mettent (encore) un pied pour les sacrements. Les formations suggérées pour que les gens connaissent un peu plus la pastorale de la famille sont en priorité à destination des cathos pratiquants. Bref, on reste entre poissons rouges dans notre bocal. C’est triste, c’est très triste quand on a une parole de vie, une parole d’amour et qu’il nous est demandé de la porter. Je trouve cela lamentable de rester dans son entre soi.

Mais comment porter des concepts d’amour et d’espérance, quand on reste ancré dans ses certitudes, quand on se sent attaqué et quand on ne démord pas de ses positions, de ses schémas d’analyse ? Par exemple, le document regrette que dans les familles où la foi est faible, quand il y a des soucis, les membres n’ont pas forcément le réflexe de se tourner vers l’Eglise. Mais bien entendu puisque les églises sont perçues comme des lieux de jugement et non comme des lieux d’accueil !

Sur une pastorale comme celle de la famille, il est évident qu’il faut d’abord s’adresser aux cathos, premiers concernés, mais il s’agit aussi de s’ouvrir et d’aérer en grand ! Je ne dis pas ici qu’il faille militer pour l’accès à la communion de personnes homosexuelles divorcées remariées (on cumule ? ah ah ah ), mais peut-être se faire les témoins, en vrai de ce que peux être une vie de chrétien, qui n’a rien à voir avec le jugement, mais est censée être empreinte de compassion.

Ainsi au milieu de cet imbroglio qui, malgré son désir d’ouverture, est encore trop empreint de « bien –pensance » certaines phrases me redonnent espoir notamment quand on lit : « la pastorale familiale, loin de s’enfermer dans une vision légaliste, a pour mission de rappeler la grande vocation de l’amour, vocation à laquelle la personne est appelée, et de l’aider à vivre à la hauteur de sa dignité ». J’aurais envie de suggérer d’imprimer cette phrase sur des grands calicots à suspendre dans la salle de réunion des évêques.

Petites réflexions impertinentes sur le mariage

Tellou

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