« La théorie du genre » d’Ignace Berten
Encore une fois, la féministe que je suis abordait ce livre de manière très sceptique. J’attendais vraiment de lire ce qu’un homme, un religieux qui plus est, avait à dire sur « la théorie du genre » ; Rien que le titre me provoquait puisqu’il reprend l’épouvantail habituel d’une seule « théorie du genre » dont, pour les catholiques, le complot ultime serait de renverser les structures familiales établies et de laisser les gens décider de leur sexe et de leur orientation sexuelle.
Non UNE mais DES théories du genre
Et puis en fait, l’ouvrage est plutôt bien fait. Il est court mais reprend de façon succincte toutes LES théories du genre et insiste vraiment sur ce que chacune d’entre elle apporte aux sciences humaines et à la société. Il met bien en avant le fait que la grande majorité des théories sur le genre mettent en exergue les conditions sociales qui façonnent la masculinité et la féminité dans une société, ce qui va bien au-delà des fonctions purement biologiques mâles ou femelles, qui certes sont déterminantes, mais pas seulement.
Je trouve Ignace Berten assez objectif dans l’ensemble dans son état des lieux des théories, de ce qu’elles apportent, des problèmes qu’elles soulèvent en général et pour la communauté catholique en particulier. Il passe un instant sur les controverses en France (Mariage pour tous/ Manif pour tous/ ABC de l’égalité…) et essaye d’élargir le débat pour les catholiques.
J’apprécie particulièrement sur le fait qu’il insiste sur la reconnaissance des facteurs sociaux dans la discrimination envers les femmes et reconnait que si l’Eglise catholique se bouche les yeux à ce sujet c’est qu’elle ne veut pas ouvrir la boîte de pandore de l’ordination des femmes. Là, je trouve Ignace Berten un peu léger en associant facteurs sociaux de construction de l’identité féminine et ordination des femmes. Avant l’ordination, c’est toute la place des femmes et la manière dont elles sont considérées dans l’Eglise qu’il faut revoir. Oui l’ordination n’en est que la partie la plus visible de l’iceberg, mais justement, c’est un iceberg.
Donc si le livre est plutôt bien dans l’ensemble, je lui trouve tout de même quelques approximations (voire une ou deux horreurs) concernant l’homosexualité, notamment lorsqu’il écrit que les homosexuels seraient finalement porteurs d’une déficience physique ou psychologique innée, en faisant en quelque sorte des handicapés ou des personnes qui auraient subi un traumatisme jeunes. Et là, pour moi, c’est non, non non et non. Comment peut-on écrire une telle horreur ? C’est incroyable qu’encore aujourd’hui certains catholiques ne peuvent envisager l’homosexualité que comme une déviance ou une maladie! Et il est vraiment dommage qu’un livre qui par ailleurs est plutôt bien fait sur LES théories du genre, tombe dans cet écueil.
Encore une analyse juste qui me rassure. Oui, nous pouvons être catholiques, femmes, occidentales, et être choquées par des pensées rétrogrades !
Pourquoi ne pas enfin regarder notre prochain (donc celui que l’on aime comme soi même, n’est ce pas ?!) comme une personne. Tout simplement. Sans regarder ni son physique, ni ses soi-disant différences, quelles qu’elles soient.
Le regarder, lui sourire, et comprendre toute la richesse de notre diversité.
Merci de me permettre, moi aussi, de me sentir moins différente dans ma conception de l’Amour du prochain.
Merci Isabelle!